Le Machu Picchu et la vallée sacrée des Incas

Le Machu Picchu est sûrement le site le plus mythique de l’Amérique du Sud aujourd’hui. C’est aussi le lieu qui draine le plus de touristes venus de toute part. Pour de nombreux voyageurs, la cité inca se révèle être une véritable Mecque moderne. Pour beaucoup, on ne pénètre dans ces lieux qu’en ayant déjà passé du temps au contact de la culture andine et de l’héritage inca omniprésent en Bolivie ou au Pérou.

Pour nous, c’est aussi cela, le Machu Picchu. C’est la fin de nos aventures andines et aussi l’aboutissement de quelques semaines passées à mieux comprendre ce que pouvait être la culture précolombienne, à Purmamarca, à Tiwanaku, au Titikaka et dans le canyon de Colca.

Et la route a été encore longue : Nous sommes arrivés un matin très tôt à Cuzco, l’ancienne ville impériale des Incas. Comparé à Arequipa, la ville est froide, pluvieuse et bien plus touristique. Au premier abord, nous sommes donc un peu déçus.

On essaye tout de même de se remotiver pour aller visiter le monastère Santo Domingo, construit sur les ruines de ce qui était le temple du soleil « Coricancha », le centre de l’empire Inca, son lieu le plus sacré. La visite est passionnante, en réalité toutes les fondations du monastère sont encore celles du temple du soleil. Tous ces éléments ne se sont jamais effondrés, les incas avaient en effet des techniques antisismiques très avancées : Les pierres sont massives et pèsent plusieurs tonnes, elles sont reliées entre elles par des encastrements savants (un peu comme Tetris en fait…) et par des fontes de cuivres. Toutes les portes sont en trapèze et certaines fenêtres murées étaient destinées à exposer des ornements ou des momies. Tout cela dénote fortement avec les mosaïques et le patio espagnol du monastère. On se rend bien compte à cet endroit précis des méfaits de la colonisation espagnole.

A l’époque où l’armée de Pizarro est rentrée dans le temple, tous les murs étaient couverts d’or, ce qui n’avait aucune valeur intrinsèque pour les Incas mais une fonction décorative pour représenter la lumière du soleil (d’où le nom du temple). Tous les habitants du temple furent alors massacrés et l’or entièrement pillé. Jusqu’en 1950, les moines ont caché l’existence des vestiges incas. Ironie de l’histoire, c’est un tremblement de terre qui a détruit une partie du monastère qui les a poussés à demander de l’aide financière et à laisser entrer les archéologues. Les fondations incas étaient restées évidemment intactes même après les secousses.

Cette visite nous a fait longuement réfléchir avec Amandine. A vrai dire il est incroyable que le temple du soleil, le centre du monde Inca, ait pu être caché pendant des siècles aux yeux du monde sans que personne ne réagisse. Cela démontre à quel point la culture inca a été « oubliée » puisque personne ne se souvenait donc de l’existence de ce temple…

Sortis du monastère, la ville de Cuzco nous apparaît alors sous un autre angle. D’une part il fait désormais beau, mais surtout nous faisons attention à toutes les fondations des maisons et des monuments coloniaux : Tout est d’origine Inca. La ville nous paraît vraiment magique…

Le lendemain nous décidons de prendre la route vers la vallée sacrée des incas qui mène au final au Machu Picchu. Le premier jour nous visitons les ruines de Pisac au sommet d’une montagne. Il semble évident que les Incas préféraient vivre plus près du soleil, plus près de leur Dieu. Le panorama est superbe même si le temps ne nous accompagne pas vraiment. Nous sommes marqués par la présence d’innombrables trous dans la falaise. Ce sont en réalités tous les caveaux où l’on disposait les momies qui ont été pillés pendant des siècles…

 

Nous continuons alors notre route vers Urumbamba où nous dormons. Le lendemain nous visitons la petite ville de Chinchero, magnifique pour ces ruines incas et pour son église baroque. En revanche le site est envahi par les touristes ce qui nous donne un avant-goût du Machu Picchu. Puis nous nous dirigeons vers les salinières près d’Urumbamba, des sortes de marais salants à flanc de montagne.

 

 

 

Puis, après une heure de trajet, coincés par terre dans un minibus archi bondé, nous arrivons à Ollantaytambo, un des rares villages qui a conservé le plan urbain de l’époque Inca (la ville est en forme d’épis de maïs). Avec ses fondations et ses canalisations incas, la ville est fascinante mais les vestiges du temple dans les hauteurs sont encore plus spectaculaires. Un ensemble de terrasses et de constructions forment à flanc de montagne un lama, animal sacré. A chaque équinoxe de l’année, le soleil apparaît de derrière une des collines avoisinantes et illumine l’œil du Lama. Une fois de plus le choix du lieu sacré n’était pas laissé au hasard. Lors de cette visite passionnante, nous nous rendons compte que les incas faisaient monter en haut du site des blocs de marbre de 100 000 tonnes, grâce à un système de rampes à travers la vallée. C’est tout de même assez impressionnant quand on sait qu’ils ne disposaient ni de la roue, ni des animaux de trait. 

 

 

Le lendemain nous partons d’Ollantaytambo par le train pour le Machu Picchu. Et là c’est vrai que l’on passe un peu de la vallée sacrée au petit train de dysneyland avec ces hordes de touristes et de tour operators… Le voyage vaut quand même le coup puisque le Machu Picchu est un site isolé seulement accessible par train ou… à pied. Pour la première fois du voyage, nous nous retrouvons dans la jungle. Nous arrivons à Aguas Calientes où nous attendent une quantité astronomique d’attrape touristes et de restaurants bons à finir avec la turista, sauf un… Un bistro français indiqué dans tous les guides de cette planète qui sert des aliments frais et une cuisine honnête mais dont le patron français est un prétentieux hors norme. Ce mauvais moment passé avec lui restera sûrement un souvenir aussi impérissable que le Machu Picchu.

Le lendemain c’est le Grand Jour ou plutôt … la pleine nuit puisqu’il est 4h du matin et nous attendons patiemment les départs des bus pour le Machu Picchu. Pourquoi si tôt ? En fait les 400 premiers arrivés sont les seuls à être autorisés à monter la montagne du Wayna Picchu (juste en face du site sur toutes les cartes postales que vous avez déjà vus). Nous ne sommes pas les seuls sur le coup puisque nous arrivons respectivement 375^e et 376^e…

La montée en bus vers le site est spectaculaire au milieu de la brume et de la forêt. De la brume, nous en avons aussi en haut puisqu’à 6h du matin nous ne voyons rien du tout du Machu Picchu :

6h du mat:

Mais la magie du site c’est précisément cela, au fur et à mesure de la matinée la brume se dissipe sur l’ancienne cité des vierges du soleil et la vue est spectaculaire. La visite guidée dure une bonne heure mais nous apprenons un peu moins de choses qu’à Santo Domingo ou Ollyataytambo. Le site est cependant très préservé par rapport aux autres et il est intéressant de voir comment était construit la plupart des habitations de l’époque.

9h00: 

 

 

11h c’est l’heure de l’ascension tant attendue, celle du Wayna Picchu. On entend que la montée est dure voire un peu dangereuse. Il est vrai que les escaliers sont boueux et qu’il n’y a aucune rambarde. En 40 minutes nous sommes en haut et la vue est spectaculaire.

11h10:

 11h20:

 11h30:

 11h40: Au sommet du Wayna

 

Après 30 minutes passées en haut à flâner, c’est l’heure pour nous du retour. Nous arpentons une dernière fois le Machu Picchu, cette fois bien plus vide qu’à notre arrivée et nous nous rendons compte pour la première fois de la puissance spirituelle du site : Les incas avaient vraiment trouvé un emplacement géographique extraordinaire au sens propre du terme. On comprend désormais  mieux pourquoi des centaines de voyageurs sont en quête de ce lieu magique.

 

   L´album photo de la vallée des Incas:

16.-Vallee-des-Incas